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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 06:32
 

 

 

Sur cette solide base politique venue de notre histoire , il faut s'emparer de la question du marxisme, du maoïsme comme courant révolutionnaire mondial , comme base théorique et idéologique , comme systématisation de la plus grande expérience révolutionnaire de notre temps: la GRANDE RÉVOLUTION CULTURELLE PROLÉTARIENNE .

La Révolution Culturelle n'est pas une simple phase tactique de l'édification du socialisme en Chine.

Elle n'est pas un simple mouvement de masse pour rectifier et régénérer le Parti.

Elle est, comme le disent les camarades chinois, « sans précédent dans l'histoire. »

Elle est LA grande révolution de notre temps.

Elle est pour la deuxième moitié du XXème siècle, ce qu'a été la Commune de Paris pour le fin du XIXème , ce qu'a été Octobre 17 pour le début de notre siècle.

Prendre position sur ce point distingue radicalement le marxisme-léninisme du révisionnisme moderne .

Notre Maxime , c'est : « Dis-moi ce que tu penses de la révolution culturelle, je te dirai si tu es un révolutionnaire marxiste-léniniste. »

La Révolution Culturelle est une RÉVOLUTION au sens plein du terme : les masses populaires s'en prennent à la question de l'Etat, se mêlent des affaires de l'Etat.

Il s'agit de débusquer et d'abattre les représentants politiques d'une classe : la nouvelle bourgeoisie présente dans le Parti Communiste.

La Révolution Culturelle est une REVOLUTION PROLETARIENNE.

La classe ouvrière y met en avant et pratique le mot d'ordre : « LA CLASSE OUVRIÈRE DOIT DIRIGER EN TOUT. »

A partir des tempêtes révolutionnaires ouvrières à Shanghaï en Janvier 67 , le prolétariat fait, à une échelle sans précédent, son entrée massive sur la scène politique.

Il entre dans les universités , il va directement diriger le combat dans la superstructure.

La Révolution Culturelle fait surgir dans la réalité des nouveautés socialistes inconnues auparavant :

- LES COMITÉS RÉVOLUTIONNAIRES DE TRIPLE UNION , qui prennent en main la gestion des unités de production.

- LES UNIVERSITÉS LIÉES AUX USINES, l'entrée des paysans pauvres et des ouvriers dans les universités.
Tout cela organise la réduction de la DIFFÉRENCE ENTRE TRAVAIL MANUEL ET TRAVAIL INTELLECTUEL.

- L'ÉTUDE DE MASSE VU MARXISME, et en particulier de la PHILOSOPHIE , qui fait barrage au monopole élitiste de la conception fermée du Parti.

- LA MOBILISATION POUR UN ART ET UNE CULTURE RÉELLEMENT PROLÉTARIENS .

- LA PARTICIPATION GÉNÉRALISÉE DE TOUS LES CADRES AU TRAVAIL PRODUCTIF.

- L'IMPLANTATION MASSIVE DES JEUNES INSTRUITS CHEZ LES PAYSANS- PAUVRES .

Et quantité d'autres transformations révolutionnaires qui visent à faire des masses un rempart invincible contre la restauration du capitalisme.

Sur la base de la Révolution Culturelle, le maoïsme approfondit et transforme tous les grands concepts du marxisme .

Le concept de classe sociale lui-même est soumis à réexamen : cette « bourgeoisie au sein du Parti » dont parle Mao Té Toung , elle n'est pas définie en termes de possession des moyens de production !

Ce qui est en cause, c'est son projet d'Etat, son projet politique.

La tâche fixée, c'est de mettre la politique au poste de commandement, c'est de chercher la base sociale de la nouvelle bourgeoisie révisionniste, de son projet politique.

A l'heure du programme commun, voilà une indication décisive.

La Révolution Culturelle et le maoïsme, de façon centrale , transforment la notion même de dictature du prolétariat.

Elles mettent en évidence que l'axe n'est pas la construction du socialisme.

L'axe, c'est la lutte des classes.

Lénine disait « n'est pas marxiste celui qui n'étend pas la reconnaissance de la lutte des classes jusqu'à celle de la dictature du prolétariat. »

La Révolution Culturelle nous enseigne : «  n'est pas marxiste celui qui n'étend pas la reconnaissance de la dictature du prolétariat jusqu'à celle de la lutte des classes. »

Le socialisme n'est pas d'abord une « construction. »

C'est une lutte de classe.

Voilà pourquoi la Révolution Culturelle est la révolution de notre temps.

Nous disons :
VIVE LA GRANDE RÉVOLUTION CULTURELLE PROLÉTARIENNE, VIVE LA LUTTE DES CLASSES SOUS DICTATURE DU PROLÉTARIAT!

 

UCFML, 1975



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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 06:39

DD30 

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 06:35

Les événements se précipitent. La crise a permis de faire entrer en force dans le champ lexical un terme oublié: le capitalisme.


Tout le monde y va de son laïus: on fonde un parti anticapitaliste, les gouvernants veulent faire une gouvernance du capitalisme et nomment mettre à la tête des banques des valets dociles, comme toujours seuls les sociaux traîtres du PS, P"c"F,PG passent à côté d'une critique de fond, mais qu'espérer de la part de fidèles renégats de la classe ouvrière à la solde de la bourgeoisie? Puisque qu’entre la cogestion, se faire l’écho de la politique répressive (comme nous l’avons vu avec les événements de Strasbourg), ces partis et syndicats réformistes ne font que cautionner l’Etat bourgeois…

 

Tout cela est une insulte aux 6 millions d'ouvriers et leurs familles, aux 7 millions de salariés, précaires et aux nouveaux 90 000 chômeurs en somme aux opprimés du capitalisme  (ouvriers, stagiaires, étudiants, étrangers, sans-papiers, femmes ...) de ce début d’années, dont le chiffre va croissant.

 

Tout cela est une insulte aux  ouvriers et salariés de Continental , Molex, Freescale, Valeo, Caterpillar, Arcelor-Mittal, Toyota, Ascometal, Sanofi et de centaines d’autres usines !

 

Tout cela est une insulte aux 6 millions d’invisibles  qui n’apparaissent jamais sur les écrans de la bourgeoisie.

 

En 2008 à la télévision les cadres étaient  la classe sociale la plus représentée (61%) alors que sa proportion dans la population française n’est que de 15,5%, bien loin derrière les employés (29%) et les ouvriers qui représentent 23% de la population réelle et que l’on ne voit que dans…2% des images diffusées !

 

Cette sous représentation ouvrière souligne l’éviction de l’ouvrier de la scène médiatique. Cela  illustre la représentation déformée  de la société à l’écran qui permet aux économistes libéraux de déclarer la fin de la classe ouvrière.

Il faut aussi noter la sous représentation des femmes. Elles ne sont qu’un tiers des personnes représentées  à la télévision alors qu’elles représentent 51% environ de la population française des 15 ans et plus.

Voilà le reflet de cette politique de destruction, nous nier, pour mieux nier nos problèmes !

 

CELA NE DOIT PAS SE PASSER AINSI !

  

Nous nous sommes maoïstes!


Maoïstes, mais qu'est-ce à dire? Agissons nous par exotisme? Agissons nous par nostalgie d'un temps que nous n'avons connu?


Bien sur que non! Nous estimons que les anciens groupes maos des années  70 (Gauche Prolétarienne, Nouvelle Gauche Prolétarienne, Union des Communistes de France Marxiste-Leniniste) ont ouvert une voie.


Toute voie n'est pas droite, tout chemin peut être sinueux nous apprend Mao.

 

Après des années de silence et de repli, liées à une social-democratisation des luttes, nous ressurgissons car nous voulons  oeuvrer pour le prolétariat  et saisir l'importance d'un mouvement maoïste en France.Notre conviction est que le prolétariat a besoin du maoïsme et que ce dernier est une étape, l'étape post-léniniste.

  

Le maoïsme est le marxisme de l'époque du révisionnisme moderne, c'est-à-dire de la sociale-démocratisation des mouvements de gauche qui tournent le dos aux masses, préfère défendre leur pré carré bourgeois.  Les leaders de la  "gauche" sont-ils du côté des masses? Savent-ils ce qu'est une usine, un atelier, un bureau de salarié,  connaissent-ils le chômage, la crainte de la perte de leur emploi, le chômage partiel, les pressions des contremaîtres, des chefs, des patrons? Bien sûr que non! Il y a bien longtemps que ces gens se sont détournés des problèmes quotidiens, s'ils les ont connus un jour!

 

Le maoïsme suppose trois principes:


1./être à l'école de la lutte des classes et des masses: comprendre les contraintes, les humiliations, les craintes, les espoirs déçus.


2./mener l'antirévisionnisme jusqu'à terme! Les masses n'ont pas à être représentées par des parlementaires encravatés sous des lustres brillants confortablement assis dans des sièges de velours.


3./ être marxiste de ce temps, c'est être maoïste, comprendre qu'il faille renverser le système et non l'amender. Tirer les enseignements de la révolution culturelle : une révolution n'est pas une finalité comme pour les anarchistes mais un commencement où la lutte de classes continuera à survive à longue échéance contre les forces réactionnaires, mais aussi contre les opportunistes qui sacrifieront  leurs convictions sur l'autel de l'individualisme petit-bourgeois.

 

Le maoïsme est la forme actuelle du marxisme, c'est aussi  pousser la théorie de la dictature du prolétariat jusqu'à la reconnaissance de la lutte des classes sous la dictature prolétarienne, c'est reconnaître la nécessité d'une grande révolution culturelle prolétarienne, d'une rectification idéologique des éléments contre-révolutionnaires.

 

 

Le mythe de 1936 de l'unité pour rechercher une victoire par les urnes  et celui de 1968 qui pense qu'une grande grève générale suffira à changer les donnes sont des conceptions mortes. 1981 a définitivement sonné le glas de l'illusion démocratique pour l'ouvrier.

 

Tout cela est fini, « les grèves ne marchent plus » tous les ouvriers le savent: les usines ferment tout de même, les syndicalistes copinent avec le patronat pour des augmentations ridicules, les débrayages entraînent des sanctions à peine voilées. L'ouvrier n'a plus le choix de la grève, face aux menaces des patrons  et à la perte de revenus que cela implique sur sa famille.

 

Les ouvriers  de Continental Clairoix l’ont compris !

 

Les formes « nouvelles » de lutte issus de 1968, comités de lutte, autogestion, grève générale, dont certains se revendiquent encore, ont fait long feu !

 

 

Redskinheads de France-L'homme sans qualités, 2009.

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 06:31

DD42 

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 06:29

DD40 

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 06:27

DD21 

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 06:25

DD28 

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 06:22

DD36 

Le capitalisme démontre non seulement qu'il est cynique, mais qu'il est fragile et qui plus est, c'est un énorme jeu de dupes. Le banquier Bernard Madoff a utilisé un procédé de base de l'escroc: l'effet boule de neige: emprunter toujours plus, rembourser le premier créancier avec la mise du deuxième et ainsi de suite! Le système capitaliste s'effondre tous les créanciers deviennent débiteurs les uns des autres et c’est la crise.

Nous ne développerons pas les origines des crises économiques qui ne sont pas de notre propos, mais voyons ce que le risque de crise entraine un risque accru de voir les capitalistes mettre à la tête de pays des partis avec des doctrines fascistes pour préserver les capitaux. De plus, on le sait, les crises économiques entrainent un ras-le-bol de ce que les politiciens bourgeois et technocrates nomment « la base » est qui fait que le vote fasciste devient un vote prostestaire de dernier recours. Les petit-bourgeois trop arqueboutés sur leur maigres devises, biens, propriétés se damneraient politiquement pour que l’on ne touche pas à leur précieuses possessions.

Soulignons juste cette évidence : L'objectif du système capitaliste n'est pas la satisfaction des besoins humains, mais la réalisation de profit. Ce système avec ses contraintes et les mécanismes est la cause de la crise mondiale et globale : destruction de l'environnement, guerres, crises économiques, oppression des pays en développement, faim…

Derrière le fascisme, il y a le capital et l’apport populaire à ce mouvement n’est qu’un phénomène de surface : En Allemagne par exemple, était déjà dans les années 20, le NSDAP (Parti Nazi) était soutenu massivement soutenu par les capitalistes et les grandes entreprises (Krupp, Siemens, Thyssen), avec des fonds énormes. Pourtant à l’origine le NSDAP alors D.A.P (Parti du Travailleur Allemand) avait une base prolétarienne.

 Le transfert du pouvoir au parti nazi en 1933 est dû à la pression politique de ces sociétés et leurs représentants. Dans l'intérêt des organisations de la grande entreprise, le mouvement ouvrier (syndicats et les partis) ont été brisées.

Le fascisme est donc une forme de domination du capitalisme, à l'avenir, le danger d'un transfert fasciste du pouvoir ne peut être exclue si elle est dans l'intérêt des capitalistes financiers, "parce que le ventre est encore fécond, d’où vient la bête" écrit Bertolt Brecht.

Même si le fascisme peut prendre différentes dans chaque situation spécifique doit, deux caractéristiques sont essentielles.

·         Tout d'abord, son caractère de classe : Le fascisme n’est pas un mouvement prolétarien ou destiné aux masses mais aux tendances agressives de domination du capital financier. Cela ne signifie pas que certaines parties de la classe ouvrière et la petite-bourgeoisie ne peuvent être séduite par un travail de propagande surtout lorsque le travail manque. C’est le sens du fameux slogan du F.N. « deux millions de chômeurs c’est deux millions d’étrangers » qui a valu des poursuites judicaires à Le Pen.  Bien plus les fascistes ou les partis à tendance fascitoïde cherche à gagner les larges masses comme le démontre le dernier slogan en date du F.N : « Jaurès aurait voté FN ».  Jaurès fut l’un des grands noms du socialisme français et le fondateur du journal « l’humanité ».

·          Deuxièmement, l'essence du fascisme est la dictature terroriste ouverte à la liquidation de toutes les formes du mouvement ouvrier organisé et toutes les forces démocratiques par le biais de la terreur organisée. C’est la constitution des « faisceaux » dans l’Italie fasciste par exemple.

Une politique moderne antifasciste, par conséquent, ne doit pas se limiter à la lutte contre des néo-nazis et s'égarer à quelques errements sur des concerts de Rock Identitaire Français comme principal symptôme d’un renouveau fasciste.

 

Redskinheads de France, Avril 2010, "Comment s'opposer au fascisme?", chapitre 2.1: le capitalisme

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 06:10

DD25 

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 06:14



La chute de Camus est par excellence le récit de la culpabilité bourgeoise et son impossible rédemption. On suit un personnage tantôt sympathique, tantôt malsain qui ne cesse de ressasser un événement qui le trouble au plus profond.

Tout tourne autour ce malaise, rien d’autre ne compte plus et l’univers du personnage devient ce malaise. Jean-Baptiste Clamence (de « clemens » en latin doux, favorable, indulgent, qui donnera clément) dresse un long monologue, un soliloque, il prend la parole ne la quitte plus et tente à chaque instant de combler la vacuité de son existence.

Son récit est celle d’une errance, dans les rues d’Amsterdam notamment et aux alentours dans un paysage lisse dans lequel le ciel se confond avec la terre et la mer. Tout y est en aplat, comme des touches de couleurs sombres. Il a quitté Paris, pour chasser certains démons de son esprit.

Jean-Baptiste parle, avocat de son état, c’est ce qu’il déclare, parle sans cesse de manière complètement individualiste, ne cherche pas à obtenir l’approbation de son interlocuteur à qui il ne donnera jamais la parole. Il s’autoalimente de son discours. On reconnaît là une caractéristique essentielle de la bourgeoisie.

A chaque confession, Jean-Baptiste tente avec ce « panache » typiquement français de s’en tirer pour ne point en dire trop, ménager le suspens. Qu’a-t-il donc à se reprocher cet homme à la figure presque christique? Il se noie parfois dans l’alcool de genévrier du bar le Mexico-City, pour oublier. Il n’y a pas de bourgeoisie sans alcool.

Tout commence au Mexico-city, le narrateur de la Chute prend la parole. Il se présente sous le meilleur jour : il dit avoir un physique d’athlète, être fort urbain, en somme être un homme idéal. On reconnaît ici l’outrecuidance bourgeoise.

L’interlocuteur de Clamence devant partir, ce dernier l’accompagne et sur le chemin du retour, Clamence compare les canaux d’Amsterdam aux cercles concentriques de l’enfer de Dante. C’est une première faille dans le portrait policé que Jean-Baptiste veut donner de lui. Puis un pont se présente à eux. Clamence hésite et laisse son interlocuteur car il a, dit- il, fait le vœu de ne jamais plus traverser de pont.

Les hommes devront se revoir au Mexico-City. On voit ici l’absurde condition que Jean-Baptiste se fixe : ne pas traverser de ponts dans une ville qui n’en compte pas moins de 165. L’incapacité du saut qualitatif, du changement de rivage, voilà également une caractéristique de la vie quotidienne bourgeoise. Mais on trouve également l’idée que les sauts qualitatifs n’ont pas de sens, que la vie n’a pas de direction, pas d’orientation, que toute évolution est hasardeuse.

Le lendemain, l’interlocuteur curieux de ce personnage semble au rendez-vous. Clamence revient sur son malaise. Il était un as du barreau et défendait avec force la veuve et l’orphelin. Clamence veut faire croire que malgré son aspect bourgeois, et à titre d’indulgence qu’il recherche dans le regard de son interlocuteur, il défendait réellement les plus démunis, avant d’être devenu aujourd’hui un « juge-pénitent ». Il ne coure ainsi plus de fêtes en galas, mais s’est retiré à Amsterdam après avoir entendu Ponts des Arts à Paris un cri bien curieux.

Au troisième jour, les plaies de Clamence, qui se complait dans l’expiation pour rechercher un pardon quasi-divin, s’ouvrent encore plus. Clamence réfléchit à ce que devrait être son symbole : un Janus à double face avec pour devise « ne vous y fiez pas ! ». Selon lui-même il « crevait de vanité » littéralement avant cet « incident ». Puis s’ensuit des troubles de la mémoire et des événements anodins reviennent à la surface de sa mémoire, comme l’altercation avec un motocycliste, sur lequel Clamence n’a pas eu le dessus. Viriliste, Jean-Baptiste ne peut admettre de n’avoir pu corriger cet homme.

« J’avais rêvé cela était clair maintenant, d’être un homme complet, qui se serait fait respecter dans sa personne comme dans son métier. Moitié Cerdan, moitié de Gaulle si vous voulez…[mais] il ne m’était plus possible de caresser cette belle image de moi-même ». Clamence en fut troublé au plus profond au point de connaître un fiasco sexuel, lui qui se voulait être Don Juan. Il se sent encore plus meurtri lorsque la jeune femme en fit part à un tiers.

On retrouve ici la tension propre à la figure bourgeoise de notre époque, tension reposant sur une identité urbaine raffinée mais en définitive coupée de toute vie naturelle. Cette tension repose sur la contradiction entre la ville et les campagnes provoquée par le capitalisme, et produit des êtres humains considérant leur corps comme une « machine » plus ou moins forcément en faillite.

La pensée mécanique à la française, issue de Descartes, a accentué encore plus et le raffinement, et l’aliénation liée à ce raffinement abstrait.

Et nous voyons donc qui est Clamence, un homme sexiste, égoïste, viriliste, un bourgeois enferré dans sa vie, louant ce mode d’existence et qui regrette l’événement qui va le faire sortir de cette voie toute tracée.

Il parle de lui et pourtant c’est un drame qui l’éveille à prendre conscience de sa condescendance : « J’entendis le bruit qui, malgré la distance, me parut formidable dans le silence nocturne, d’un corps qui s’abat dans l’eau. Je m’arrêtai net, mais sans me retourner. Presque aussitôt j’entendis un cri, plusieurs fois répété, qui descendait lui aussi le fleuve, puis s’éteignit brusquement. Le silence qui suivit, dans la nuit soudain figée, me parut interminable ».

Voilà, Clamence sait de quoi il s’agit, d’un suicide d’une désespérée, mais même s’il arrête sa course ne prend pas le temps de porter assistance. A la détresse d’un individu, Clamence ne répond que par le mépris et l’égoïsme: « la nuit me parut interminable ».

Nous voyons ici l’esprit bourgeois dans sa complétude : quelqu’un est mort et Clamence ressent non de la compassion, mais de la honte et de la culpabilité pour n’avoir rien fait. En somme Clamence est l’un de ses milliers de rouages du capitalisme, dans lequel chacun avance au détriment de l’autre, sous couvert d’un humanisme de façade bienséant, affirmant « défendre la veuve et l’orphelin », sans pour autant faire grand-chose en réalité.

Camus a ici synthétisé la faillite de la morale bourgeoise, et redonné vie d’une manière unique au romantisme bourgeois avec narrateur torturé par son inaction. On retrouve ici l’essence de l’époque sur le plan littéraire, avec le « nouveau roman » présentant un narrateur naviguant à vue dans le monde, tout comme il va de soi le « théâtre de l’absurde. »

Une île au large d’Amsterdam, pittoresque, voilà le décor de la nouvelle rencontre de Clamence et de son interlocuteur. Une nouvelle fois Clamence se plaint, déclare avoir pensé au suicide, cependant il déclare aimer la vie, c’est-à-dire s’aimer trop soi-même pour passer à l’acte. Complètement autocentré, dans une attitude statique, métaphysique, Clamence ne cherche qu’à sauver les apparences bien que les doutes l’assaillent, toutefois jamais sur ce qu’il aurait dû faire, mais surtout ce que les autres pensent de lui.

Ce qui est ici présenté, c’est l’incapacité de la figure bourgeoise à pratiquer l’autocritique, à chercher des dynamiques justes, correctes, portées par le nouveau contre l’ancien.

C’est logiquement ici la révélation de Clamence : découvrir que l’homme est une « duplicité profonde», une part d’ombre et une part de vertu. C’est le grand thème du romantisme: la vie est pleine d’obstacles, sans avoir de sens véritable, le jour peut se transformer subitement sans raison en nuit, et vice-versa. Tout est chaos.

On voit alors que Clamence ne peut supporter de quitter la vie en laissant derrière lui une image écornée. Jean-Baptiste veut se révolter et sacraliser ce qu’il pense être l’abjection du monde dans une perspective toute nietzschéenne : « Je méditais par exemple de bousculer des aveugles dans la rue, et à la joie sourde et imprévue que j’éprouvais, je découvrais à quel point une partie de mon âme les détestait ; je projetais de crever les pneumatiques des petites voitures d’infirmes, d’aller hurler « sale pauvre » sous les échafaudages où travaillait les ouvriers… ».

Ce qu’on voit ici, c’est la complaisance de Camus pour cette position; les biographes expliquent d’ailleurs que « La chute » est son oeuvre la plus « personnelle. » Mais il ne s’agit pas de son côté sombre, il s’agit du statut même de la figure bourgeoise à notre époque. Ainsi, Clamence ne parvient pas à assumer une position fixe fut-il négative, il est simplement fourbe et traitre comme tout bourgeois parvenu.

Ce caractère contradictoire, ambivalent, schizophrène de la figure bourgeoise avait déjà été décrite par Drieu la Rochelle, là aussi avec une dimension biographique dans ses oeuvres.

Enfin, le roman continue, les deux hommes sont sur un bateau et traversent le Zuiderzee. Clamence évoque alors ce châtiment du moyen-âge qui est la cellule du malconfort, une cage où le prisonnier doit se tenir perpétuellement dans une position douloureuse ni assis, ni debout. Bien sûr Jean-Baptiste pense fort à lui, il se sent plus en quiétude, mais dans l’inquiétude. De fait, ce qu’on voit ici c’est l’angoisse perpétuelle de la figure bourgeoise, sa souffrance, son malaise. La figure bourgeoise ne peut plus vivre: elle a fait son temps.

Qu’est-il advenu de ce cri dans la nuit ? Clamence n’y revient pas. C’est sa souffrance qui doit éclater à la face du monde. Tel est le bourgeois: égocentrique, voire pratiquant le solipsisme.

Alors, au dernier jour de leur entrevue, les deux hommes se retrouvent chez Clamence qui reçoit son interlocuteur. Il est fiévreux. Arrêté par les allemands pendant la guerre, il est interné par mesure de sécurité. Dans ce camp, par le mysticisme de qui se dégage de lui, les prisonniers l’élisent « pape », mais un pape qui vit avec les malheureux et non pas sur un trône, se croit obligé de préciser Clamence, comme pour se racheter. Ce qu’on a ici, c’est le mode de vie bourgeois où « au pays des aveugles les borgnes sont rois. » Dans la folie quotidienne façonnée par la bourgeoisie, il n’y a plus de réalisme et la personne un peu « philosophe » acquière une valeur subjective, car semblant comprendre la réalité.

Clamence continue son histoire, et explique qu’un jour, alors qu’il devait rationner l’eau à cause de son nouveau statut hiérarchique, Jean-Baptiste s’octroie la ration d’eau d’un agonisant. Poussé par la fièvre, Clamence avoue le but de sa confession : dans un monde où Dieu est mort et où la liberté est grisante mais futile, il n’y a pas d’autre alternative que de proclamer en procureur du système la culpabilité de tous. L’individualisme de la bourgeoisie est ici sacralisé.

C’est ainsi ici qu’exilé à Amsterdam, Clamence exerce la profession de juge-pénitent : se livrer en confession publique en se chargeant des fautes de l’humanité, mais pour, par un effet de miroir, mieux les renvoyer à l’interlocuteur. Ainsi Clamence a trouvé le moyen de tirer les autres dans sa chute, tout en s’élevant au-dessus de ses semblables. Si Clamence n’a pas réagi, personne dans le monde bourgeois n’aura droit à la rédemption.

Dans un monde vidé de Dieu, si un homme faute, sa responsabilité est portée sur l’ensemble de ses semblables et sur l’humanité entière. Ainsi on se retrouve dans une perspective proche de l’enfer décrit par la Cité de Dieu de Augustin : une seule faute vaut pénitence éternelle.

Sauf qu’ici, si Clamence faute, il en rejette la responsabilité sur l’humanité. De la personne qui s’est retrouvée derrière ce bruit de chute, il ne dira pas un mot. Le récit s’achève par l’ambiguïté des deux personnages qui semblent se confondre : « alors racontez moi je vous prie ce qui est arrivé un soir sur les quais de seine…»

Se confondre, disparaître, fusionner: deux devient un, comme le veut l’anti-dialectique de la bourgeoisie. Au travers de Jean-Baptiste se glisse l’auteur Albert Camus : sorti des bas-fonds de la Casbah d’Alger d’un père décédé qu’il n’a pas connu et d’une mère célibataire illettrée et vivant dans une grande misère, Camus est devenu professeur à force de détermination et de compromission.

Au travers du narrateur Jean-Baptiste, c’est la culpabilité même de Camus qui s’exprime : celle d’être devenu un parvenu, celle d’avoir perdu sa conscience de classe. Il entend le cri de sa classe d’origine, mais ne se retourne pas. Surtout pas: ne pas retourner d’où il vient.

C’est un aspect important de Camus, car ce sont les masses qui font l’histoire, et l’on ne peut pas comprendre sinon la signification historique de Camus, sorte de social-démocrate de l’époque décadente.

Ainsi Camus fut un résistant, un humaniste de gauche, mais Camus ne s’est jamais engagé réellement au coté du prolétariat, car il ne le voulait pas, car il ne le pouvait pas, portant en lui le négatif, le refus de la dialectique. D’où sa contradiction individuelle une fois que sa négativité s’est transformée… en positivité vu que la bourgeoisie l’a reconnu comme une grande figure de son époque, notamment avec le prix Nobel de littérature en 1957.

A ce titre, notons que la critique officielle des « camusiens » de ce livre est évidemment toute différente. Pour eux, la chute c’est l’histoire de l’homme existentialiste élaboré par Sartre, cette tension perpétuelle entre l’affirmation de la liberté absolue (principe de l’existentialisme) et l’attrait vers le déterminisme historique dont les bourgeois se figurent qu’il s’agit du marxisme.

Ce Clamence n’est donc pas Camus, en tout cas pas uniquement selon la critique officielle, mais en grande partie ce bourgeois qui aimerait être communiste, à l’image de Sartre qui tentera dans un exercice désespéré (La Critique de la Raison Dialectique) d’affirmer que l’homme seul à une histoire (à l’opposé de toute les affirmations d’Engels et de la science) et demeure entièrement libre dans celle-ci malgré ce qu’il nomme des extéro-conditionnements (les conditionnements extérieurs).

Pourtant, Clamence c’est en grande partie Camus qui se retourne sur sa vie. Le critique bourgeois proche de Sartre et du PCF à l’époque, Francis Jeanson, avait dit de Camus qu’il restait « essentiellement statique », et le bourgeois Sartre d’arguer lui-même au sujet de Camus « Vous être un bourgeois ! ».

C’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité il est vrai, mais il existe une caractérisation exacte : Camus malgré ses succès littéraires et sa culture n’avait pas à servir la bourgeoisie, car en faisant cela, il trahissait sa classe d’origine. En ce sens Sartre, bourgeois de naissance, a tenté de servir le prolétariat avec son œuvre (lui a refusé le prix Nobel et soutenu les maos), bien que baignant dans un idéalisme moraliste des plus conséquents.

« La Chute » de Camus doit être, par conséquent, réfutée comme modèle de la littérature bourgeoise égocentrique, moralisatrice et imprégné d’égoïsme capitaliste. « La Chute » de Camus est le récit d’un renégat qui culpabilise de son mépris pour la classe ouvrière.

Cette oeuvre est à condamner en bloc comme oeuvre bourgeoise décadente et typiquement décadente: elle ne porte en effet même pas en elle le refus de l’angoisse, elle ne porte même pas en elle la souffrance individuelle qu’il faut dépasser.

En ce sens, Camus reste bien anecdotique (car trop complaisant) comparé à des oeuvres bourgeoisies conservant une dimension lyrique réelle pour réussir à exprimer le malaise terrible de la société capitaliste, comme Rimbaud, Trakl, Kafka ou plus récemment Ian Curtis et Joy Division.

Il est évident ici que « La chute » aurait pu être la première protestation de type « grunge » mais l’on voit que Camus était trop dandy – comme nombre d’écrivains français cultivant leur « style » – pour être expressionniste. C’est là l’une des dimensions terribles de l’échec de la littérature française de tout le 20ème siècle.

 

Paru sur Contre-informations.fr, janvier 2010

 

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