Dans les sociétés où prédomine l'impérialisme capitaliste, les profits s'accroissent et la concentration financière et humaine est une constante. Les réseaux urbains étendent les villes sur la campagne qui devient ville à son tour.
L'urbanisation galopante est signe de vigueur de l'impérialisme. La région Parisienne est en un exemple. Peu d'autres metropoles se dégagent en France a l'exception de Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, Nantes, mais en moindre mesure. Partout sur le territoire les villes se concentrent: Roubaix disparaît dans l'agglomération lilloise, Vandoeuvre-les-Nancy se confond avec Nancy... Tout concourt a devenir "metropolistique".
Ce rapport à la géographie et au temps implique des contradictions nouvelles au sein des contradictions ville-campagne, travail intellectuel-manuel et plus globalement bourgeoisie-prolétariat.
En effet le prolétariat concentré dans des métropoles toute dévolue au capitalisme participe à des rapports marchands d'exploitation et d'oppression où dominent la violence patriarcale, la violence des individus sur les autres.
En somme le prolétariat doit nier ses propres intérêts pour tenter individuellement de s'en sortir: les individus en grande partie inconscients de ces liens sociaux participent à ces rapports sociaux calqués sur la concurrence dans le domaine de l'emploi, mais également dans la degradation des rapports de tout ordre: sentimentaux, amicaux, sexuels. Même la courtoisie s'effrite.
Dès lors le prolétariat vit en état schizoïde: pour survivre il nie ses propres aspirations comme disait la RAF (Fraction Armée rouge) "le système a réussi a plonger les masses dans les métropoles si profondément dans leur propre merde".
Voyons d'abord ce qu'est le prolétariat aujourd'hui.
1./ Le prolétariat et la classe ouvrière
Le prolétariat est une notion qui est devenue confuse.
Il s'agit economiquement des femmes et hommes qui vendent leur force de travail à un dirigeant d'entreprise, ce sont des salariés. Le prolétariat se définit donc comme un ensemble d'individus qui entre dans le mode de production capitaliste (MPC).
Plus précisément, le prolétariat ne détient pas le capital ou une part du capital, il participe au MPC mais ne possède pas les moyens de production sous forme de biens.
Le prolétariat est donc une force productive.
Le prolétariat est-il seulement la classe ouvrière? Y a -t-il confusion de deux termes et synonymie?
Le problème est complexe. Le prolétariat fait partie de la classe favorable à la révolution en ce qu'il entre dans le MPC qui l'exploite.
Mais la classe ouvrière n'est pas TOUT le prolétariat. A ces ouvrièrEs il fait ajouter les membres de la famille dont les compagnes et compagnons (quelque soit leur statut légal: époux, pacsés) et les enfants. Il faut aussi ajouter les chômeurs qui sont des ouvriers sans emplois.
La classe ouvrière est aujourd'hui composé d'environ 5,5 millions d' individus dont 2,5 millions dans le domaine purement industriel auxquels s'ajoutent les manutentionnaires (env.500 000) et les chauffeurs-livreurs (env.500 000), soit 3 millions d'ouvriers. Les 2
millions restants sont ouvriers dans le domaine agricole ou artisanal.
A cette classe ouvrière, il faut ajouter aussi tous les individus qui entrent (de manière toujours contrainte car on ne peut se laisser mourir de faim disait Friedrich Engels) dans le processus comme force productive en tant que salariés, comme les employés par exemple.
Or, les employéEs notamment du secteur tertiaire, fortement féminisé(e)s dans certains secteurs (vente, cosmétologie-esthétique, services d'aides divers) sont aussi des prolétaires. Le MPC ici n'est donc pas essentiellement industriel comme dans le cas de la classe ouvrière.
2./ Employés, prolétariat et salariat
Ces employés sont environ 3,6 millions d' individus.
L'ensemble de ses travailleurs produit toute la richesse sociale dont les dirigeants capitalistes s'approprient la part du lion en laissant la portion congrue aux salariés. Cette portion varie nettement.
En effet, les salariés sont l'ensemble des travailleurs qui touche une rétribution (salaire, traitement, solde) en échange d'une prestation industrielle (ouvriers) ou intellectuelle (employés).
Ces salariés sont 23 058 000 aujourd'hui sur une population francaise de 66 818 000. 2,5 millions de salariés sont des dirigeants d'entreprises (grands patrons, PME, autoentrepreneurs...). Seul 3,4 millions de salariés touchent un revenu équivalent au smic.
3./ Le prolétariat schizometropolitain
Le prolétariat et plus largement les masses sont concentrés sur un territoire restreint où la richesse est produite.
Cependant si les lieux de production font concentrer les richesses notamment lorsqu'il s'agit d'activités tertiaires, les lieux d'habitation des masses doivent s'éloigner économiquement de ces lieux de richesses car les prix prohibitifs de l'immobilier poussent le prolétariat a s'éloigner des lieux de travail qui deviennent des endroits geographiques très courus, ce qui a pour effet d'allonger le temps de disponibilité au travail (le temps de trajet moyen en France pour se rendre au travail est passé de 20 mn à 45 mn en quinze ans).
Le prolétariat doit faire face à la contradiction bourgeoisie/prolétariat mais de plus à la contradiction ville/campagne: les lieux d'habitation sont dépourvus d'espace verts, le prolétariat doit vivre au milieu d'une pollution ambiante, les perspectives sont souvent des murs, en résumé à défaut d'être une vie, c'est déjà un toit.
Souvent le prolétariat se contente de ce "peu" car les agents de l'impérialisme (mass-médias, syndicats et partis réformistes notamment) ne cessent de faire miroiter à la fois un autre possible (on peut réussir dans la vie) et une mise en garde (il y a beaucoup de
plus malheureux).
Cette contradiction ville/campagne où la métropole ronge des campagnes désertées sujettes non à l'agriculture mais à l'agroindustrie amène à l'accroissement d'un sentiment confus d'oppression, de peur, de stress: les transports se prolongent en terme de temps, sont bondés, sont inconfortables. Les véhicules consomment temps (bouchons, heure de pointe...) et espaces (la géographie est dédiée jusqu'à présent aux réseaux automobiles:routes, autoroutes, périphériques...), sans parler de l'impact environnemental donc nuire aux masses elles-mêmes qui vivent dans ces espaces.
Ainsi perpétuellement enclin à un mouvement de négation de ses propres racines et aspirations, le prolétariat perd ses repères. Ceci explique le suivisme des grandes masses et le peu de volonté de résistance.
Les hommes sont enclins dès lors à développer des comportements patriarcaux (developpement de la pornographie jusque dans les publicités "porno-soft", rixes, alcoolisation...), chauvins (defense inconditionnelle de son "clan", "équipe" jusqu'à la mise à mort d'un adversaire), parfois psychopathiques.
Les femmes elles retournent majoritairement la violence contre elles- mêmes, par la haine de soi, la chosification, ce qui développe des pathologies comme l'anoxerie, la boulimie et ce qui développe aussi la volonté de parfaire son image par la chirurgie (traitement des
obésités modérées par anneau gastrique avec la complicité du corps médical, chirurgie esthétique).
Femmes et hommes,adultes ou enfants, dilapident ainsi du temps, de l'argent et des connaissances dans des loisirs vains (soutien à des équipes sportives, mécanique-tuning, concours de beauté, jeux vidéos...).
Cette négation du caractère principalement révolutionnaire du prolétariat fait muter le prolétariat en proletariat schizometropolitain.
La déformation massive des rapports sociaux dans les metropoles, la quête de la richesse individuelle (en somme une quête de bonheur futile et vain, détournée de la nécessité de vaincre le capitalisme par la révolution afin de résorber la contradiction bourgeoisie- prolétariat) amène à des troubles psychiatriques, somatiques et des souffrances de plus en plus importantes.
C'est cela la réalité du prolétariat schizometropolitain.
Le désespoir de plus en plus présent, la perte de l'idée de l'émergence de la révolution, afin de détruire l'impérialisme, est ce qui caractérise notre époque, celle de la crise générale de l'impérialisme.
La bourgeoisie tente de cacher cette vérité, elle détourne des causes réelles des comportements déviants en exploitant le concept d'insécurité d'une part et en développant un ensemble d'explications psycho-sociologiques métaphysiques (génétique, religieuse, "raciale"...) d'autre part.
La prise de conscience de ces rapports sociaux faussés permettra au prolétariat schizométropolitain de reprendre l'iniative.
Nous sommes au moment où la bourgeoisie tente de dominer encore plus car son systeme est en crise quitte à instiller des idées, groupes et partis fascitoïdes.
Soit cette décadence continuera et se sera la barbarie, soit le prolétariat schizometropolitain reprend le dessus pour imposer le socialisme.
Il est temps de balayer la grisaille de nos vies, pousser les murs afin que le soleil perce à nouveau au sein des métropoles.
DEPLOYONS L'AURORE PROLETARIENNE!